L’introduction des autotests en France permettrait de découvrir 4.000 nouvelles séropositivités VIH et d’éviter 400 nouvelles infections. Si dans deux avis précédents, en 1998 et 2004, le Conseil national du sida (CNS) avait exprimé des réserves à l’égard des autotests de l’infection à VIH, à la lumière des dernières données scientifiques montrant qu’un diagnostic précoce peut accroître considérablement la qualité de vie des patients, que les performances des home-tests ont progressé, le CNS vient de se prononcer en faveur de la mise à disposition des autotests de dépistage de l’infection à VIH.
Permettant d'élargir l'offre de dépistage, les autotests viendraient bien en complément de l'offre existante. Si environ 5 millions de sérologies du VIH sont réalisées en France, chaque année et permettent la découverte d'environ 6.000 cas de séropositivité, mais ce chiffre reste stable depuis plusieurs années. Alors que le Plan national de lutte contre le VIH/sida 2010-2014 envisage bien l'élargissement de l'offre de dépistage volontaire notamment avec l'utilisation de tests rapides d'orientation diagnostique (TROD), les autotests apparaissent aujourd'hui comme une opportunité supplémentaire de dépistage, en direction des personnes que l'offre existante ne permet actuellement pas d'atteindre.
L'Europe en retard…En juillet 2012, les États-Unis autorisaient un premier home-test de dépistage du VIH, Aux États-Unis, un autotest salivaire de dépistage de l'infection à VIH, l'OraQuick® mais, en UE, aucun autotest de l'infection à VIH n'est encore aujourd'hui autorisé. Les Etats-Unis estiment aujourd'hui, qu'en une année de mise en vente, le test aurait permis de détecter 44.000 nouvelles infections par le VIH et prévenir 4 000 nouvelles infections. Et pour la France, l'estimation serait de l'ordre de 4.000 séropositivités. Or par ailleurs, ces dernières années, ces tests ont beaucoup progressé.
Bientôt dans les pharmacies, dans les parapharmacies et sur Internet ? Le CNS propose donc aujourd'hui que l'autotest puisse être proposé dans le cadre de la vente libre dans les pharmacies, dans les parapharmacies et sur Internet, l'Internet garantissant une discrétion et, en même temps une garantie de qualité, en regard de l'offre de tests contrefaits ou dénués de notices, proposés à la vente depuis des pays étrangers. Mais ils devraient également pouvoir être distribués par l'intermédiaire des acteurs « de terrain » aux populations fortement exposées. Comme aux Etats-Unis, cette mise à disposition du test devrait s'accompagner d'une véritable démarche d'accompagnement, avec, au-delà des conditions d'utilisation, différents documents portant sur l'éligibilité au test, les limites du test et les indications pour bien lire et comprendre les résultats. Enfin, avec le test, l'offre générale de structures compétentes que ce soit d'accueil, d'écoute, d'information et d'accompagnement à distance pourrait être rappelée.
Cet élargissement de l'offre de dépistage passe par la mobilisation de tous les acteurs, professionnels de santé, associations et institutionnels, rappelle le CNS et d'une promotion globale du dépistage, de ses enjeux et de son offre, dans la perspective de renforcer la prévention combinée.
CNS Avis sur les autotests de dépistage de l'infection à VIH
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