Face à la maladie coronarienne, ce consortium européen de chercheurs, dirigé à la Charité – Universitätsmedizin Berlin, teste ici la tomodensitométrie (ou CT-scan) comme alternative non invasive au cathétérisme cardiaque – ou angiographie coronaire (ou coronarographie), un test diagnostique qui suppose l'insertion d'un cathéter. Les conclusions de cet essai, « DISCHARGE », mené auprès de patients suspectés de coronaropathie et assignés au hasard à une tomodensitométrie ou à une coronarographie, publiées dans le New England Journal of Medicine (NEJM) suggèrent que les 2 méthodes présentent le même niveau de fiabilité, en particulier pour les patients atteints d'une forme encore modérée de la maladie.
La maladie coronarienne est l'une des principales causes de décès dans les pays développés aux populations vieillissantes. La maladie est associée à une altération du flux sanguin dans les artères coronaires, c'est-à-dire les artères qui fournissent l'oxygène au cœur. La douleur thoracique, l'essoufflement et la fatigue liée à l'activité sont les principaux indicateurs du développement d’une maladie chronique ou aiguë, qui peut mener à la crise cardiaque, à l’accident vasculaire cérébral (AVC) et au décès de cause cardiovasculaire. Les symptômes de la coronaropathie sont causés par des dépôts graisseux à l'intérieur des artères qui s'accumulent au fil des années.
Le test de diagnostic actuel pour la maladie coronarienne est une procédure un peu invasive connue sous le nom d'angiographie coronarienne,
un examen du cœur réalisé avec un produit de contraste qui vise à détecter des problèmes cardiaques.
L'intervention prévoit l'insertion d'un cathéter dans un vaisseau sanguin de la région de l'aine ou du bras guidé ensuite jusqu'au cœur. Ce test permet de savoir si les artères coronaires fournissent une quantité suffisante de sang ou si le flux sanguin est altéré par un rétrécissement artériel. Tout rétrécissement détecté de cette manière peut être traité au cours de la procédure elle-même, grâce à l'utilisation de petits ballons gonflables et de tubes à mailles extrêmement minces appelés stents, qui sont utilisés pour maintenir ouverts les vaisseaux sanguins rétrécis.
La tomodensitométrie (TDM) cardiaque n’est pas invasive du tout et sous condition -ici démontrée- d’être aussi fiable que le « cathétérisme », cet avantage est primordial pour les médecins autant que les patients. L'essai DISCHARGE a testé ce niveau de fiabilité et de précision de la tomodensitométrie cardiaque comme alternative non invasive au cathétérisme, chez des patients à risque coronaire intermédiaire. Ses résultats confirment que la tomodensitométrie offre un niveau similaire de précision diagnostique, en plus d'être associée à un risque moindre de complications.
L'étude : La tomodensitométrie cardiaque est-elle une alternative sûre au cathétérisme chez les patients suspectés de coronaropathie ? Afin de tester l'efficacité des 2 techniques chez des patients souffrant de douleurs thoraciques chroniques, l’essai a suivi plus de 3.500 patients pendant 4 ans, assignés au hasard soit à une tomodensitométrie soit à une coronarographie. Les patients chez qui la maladie a été diagnostiquée ont été pris en charge conformément aux directives de traitement européennes pendant toute la durée de l'étude.
- L'essai confirme que la tomodensitométrie est sûre et offre le même niveau de précision de diagnostic que la coronarographie : « Parmi les participants, le risque d'événements cardiovasculaires majeurs s'avère similaire dans les groupes CT scan et cathétérisme, survenant chez 2,1 % et 3,0 % des patients de ces 2 groupes, respectivement. L'incidence des complications majeures liées à la procédure est cependant plus faible chez les patients pris en charge avec une stratégie CT », précise l’auteur principal, le Dr Marc Dewey, chef du département de radiologie.
Ainsi, la tomodensitométrie est ici confirmée comme une alternative sûre au cathétérisme cardiaque, chez certains patients. Chez les patients présentant un faible risque de diagnostic de coronaropathie, la tomodensitométrie peut éviter une procédure de cathétérisme inutile.
Cette recherche est primordiale, notamment en regard de la prévalence élevée de la maladie coronarienne : « Maintenant que cette procédure est validée par l'essai DISCHARGE, elle pourrait être plus largement cooptée dans le cadre des soins cliniques de routine des patients atteints d'une maladie coronarienne « intermédiaire ».
Source: New England Journal of Medicine (NEJM) 4 March, 2022 DOI: 10.1056/NEJMoa2200963 The DISCHARGE Trial Group. CT or Invasive Coronary Angiography in Stable Chest Pain
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