Alors qu’aujourd’hui, les signes cliniques seuls ne permettent pas de prédire le risque de psychose avec une précision suffisante pour justifier une intervention précoce, surtout avec des médicaments comme les antipsychotiques à effets secondaires importants, la découverte de biomarqueurs du risque de psychose, qui pourrait améliorer la précision de prédiction du développement du trouble psychotique, serait la bienvenue. C’est ce que proposent ces chercheurs de l’Université de Californie, San Francisco qui identifient un signal du cerveau, spécifique et détectable à l’EEG qui pourrait être un marqueur précis de la schizophrénie. explications dans la revue Biological Psychiatry.
Sur la base de l'analyse des signes cliniques et des symptômes, un tiers aujourd'hui des patients jugés à risque clinique élevé de psychose vont effectivement développer un trouble psychotique dans les 3 ans.
Le marqueur, détectable à l'électroencéphalogramme, est une mesure de la déviance auditive (mismatch negativity – MMN), une sorte de signal cérébral suscité à partir du cortex auditif et du lobe frontal du cerveau en réponse à des sons qui s'écartent de sons précédents en hauteur, durée et autres caractéristiques auditives. La mesure électrophysiologique de cette déviance auditive est connue pour refléter la plasticité à court terme dans le cerveau car elle repose sur la formation d'une mémoire à court terme de sons récemment entendus, et, àpartir de là sur la détection de sons déviants. On sait déjà que cette mesure est réduite chez les patients atteints de schizophrénie.
Au-delà d'un certain seuil, la mesure s'avère un bon prédicteur : Les chercheurs ont donc évalué sur la base de la MMN, 17 patients atteints de schizophrénie, 38 patients à risque clinique élevé de psychose et 44 témoins en bonne santé. Ils confirment que la MMN est réduite chez les patients atteints de schizophrénie mais constatent qu'elle est également réduite chez les patients à risque élevé. Cela suggère que ce déficit de MMN précède le début de la psychose chez les personnes à risque clinique élevé. Plus MMN est réduit, plus le risque de conversion au trouble psychotique est élevé.
Enfin, après quelques années de suivi, les chercheurs constatent qu'en deçà d'un certain seuil de réduction de MMN, les patients ont finalement développé un trouble psychotique. MMN apparaît donc ici comme un biomarqueur prometteur, via l'EEG, du risque de psychose.
Une conclusion d'un intérêt considérable pour le développement de tests de diagnostic et de pronostic des troubles psychiatriques et donc pour la capacité à identifier les patients en grand besoin d'un traitement.
Source: Biological Psychiatry March 15, 2014 doi: 10.1016/j.biopsych.2013.07.038 Automatic Auditory Processing Deficits in Schizophrenia and Clinical High-Risk Patients: Forecasting Psychosis Risk with Mismatch Negativity (Visuel Fotolia)
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