Alors que le cancer du poumon est l’un des plus meurtriers et que son pronostic repose sur une détection et un traitement précoces, l’opportunité de pouvoir le détecter, en particulier chez les patients les plus à risque, plus facilement et avant même les examens par imagerie est un objectif poursuivi par de nombreuses équipes de recherche. Cette équipe de l’Hôpital Pasteur de Nice démontre ici l’efficacité d’un test sanguin à détecter les premières cellules tumorales circulant, chez des patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), donc à risque élevé de cancer, avant même que la tumeur soit visible à l’imagerie. Un pas donc important pour une détection de routine, présenté dans la revue PLoS ONE.
On sait que le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer en France et dans le monde. Chaque année, en France, près de 40.000 nouveaux cas sont diagnostiqués, avec un pronostic sévère : La survie est de 43% à 1 an et de 14% à 5 ans. Faute de détection suffisamment précoce du cancer du poumon, le pronostic sera très négatif.
Détecter plus vite et plus facilement, en amont des examens d'imagerie, est donc un objectif majeur pour améliorer la prise en charge du cancer du poumon et améliorer son pronostic. Ainsi, test de l'haleine ou tests sanguins, nombreuses sont les recherches de développement d'un test simple et peu coûteux permettant une première approche de détection, sans passer par la succession de tests de radiographie, au scanner et à la biopsie : Parmi les recherches plus récentes, on citera l'approche, par test sanguin de métabolites spécifiques, de cette équipe de la Cleveland Clinic ou encore ce test sanguin d'analyse ADN de chercheurs de Stanford.
Ici, les chercheurs de l'Hôpital Pasteur (Nice) ont basé leur test sur la détection de cellules sentinelles cancéreuses, diffusées par la tumeur dans le sang avant même que les tumeurs ne soient détectables par imagerie. Cependant, la difficulté est que ces cellules tumorales circulantes (CTC) sont « extrêmement rares, très hétérogènes et fragiles, et difficiles à extraire sans biais ni perte ». L'équipe est partie du fait que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est un facteur de risque de cancer du poumon et ont donc recherché la présence de CTC chez 245 sujets sans cancer, dont 168 (68,6%) atteints de BPCO et 77 sans BPCO dont 42 fumeurs et 35 non-fumeurs.
L'équipe a utilisé pour cela un test sanguin* permettant d'isoler du sang tous les types de cellules tumorales. Les participants ont systématiquement subi le test sanguin et les examens classiques d'imagerie.
Le test sanguin :
· Il a permis de détecter des cellules cancéreuses circulantes chez 5 patients (3%) atteints de BPCO, alors que l'imagerie ne révélait aucun nodule au niveau pulmonaire. Chez ces 5 patients, un nodule est devenu détectable, de 1 à 4 ans après la détection des cellules cancéreuses circulantes par le test sanguins et chez ces patients, le diagnostic de cancer du poumon a été confirmé.
· Aucun nodule n'a ensuite été détecté lors du suivi des participants sans CTC et aucune cellule cancéreuse n'a été détectée dans le sang des sujets « contrôle » sans BPCO.
Les chercheurs concluent que ces CTC peuvent être détectées chez les patients atteints de BPCO sans cancer du poumon cliniquement détectable. Un test sentinelle donc possible chez les patients atteints de BPCO, donc particulièrement à risque, pour un diagnostic plus précoce du cancer du poumon.
*ISET (Isolation by SizE of Tumor cells) et développé par la compagnie Rarecells Diagnostics.
Inserm Le cancer du poumon diagnostiqué avant sa détection par imagerie et PloS ONE
October 31, 2014 DOI: 10.1371/journal.pone.0111597 “Sentinel” Circulating Tumor Cells Allow Early Diagnosis of Lung Cancer in Patients with Chronic Obstructive Pulmonary Disease
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