Alors que les derniers chiffres du Cancer en France mettent toujours le cancer de la prostate comme de loin le cancer le plus fréquent chez l’homme avec 56.800 nouveaux cas par an, cette étude menée par une équipe de l’Inserm et publiée dans la revue Cancer Epidemiology, relance, en France, le « vieux » débat sur le sur-diagnostic via test PSA et le sur-traitement de ce cancer en France.
Sont considérés en sur-traitement potentiel, les patients dont l'espérance de vie théorique avec traitement est inférieure à l'espérance de vie avec cancer. Ces sur-traitements vont donc entraîner une sur-incidence d'effets indésirables liés aux biopsies, radiothérapies et aux prostatectomies, comme l'impuissance ou l'incontinence.
Ainsi, la proportion de patients atteints d'un cancer de la prostate potentiellement et réellement sur-diagnostiqués ou sur-traités en France, selon cette étude menée sur 1.840 patients, atteint de 9,3 à 22,2 des patients atteints de tumeurs diagnostiquées au premier stade.
· Parmi les patients atteints de tumeurs diagnostiquées au stade 1, entre 7,7% et 24,4% des patients ayant subi une ablation de la prostate et entre 30,8% et 62,5% de ceux recevant une radiothérapie ont donc été « sur-traités ».
· 2% des patients atteints de tumeurs au stade T2 étaient sur-traités soit 2% des patients ayant subi une ablation de la prostate et 4,9% de ceux recevant une radiothérapie.
· La présence d'une comorbidité est fortement associée au sur-traitement, alors que les patients au stade T1 ayant plus de 2 comorbidités sont réellement sur-traités dans 1 cas sur 3.
Des risques de sur-diagnostic et de sur-traitement qui peuvent varier de 30% à 50% : L'utilisation généralisée du test PSA est à nouveau en cause car si la plus grande précocité du diagnostic va permettre d'éviter de nombreux cancers de la prostate avancés au moment du diagnostic, cette précocité du diagnostic vaut aussi pour des tumeurs qui évoluent moins vite. Une partie non négligeable des tumeurs diagnostiquées par test PSA, faiblement évolutives, vont ainsi donner lieu à des traitements inutiles.
Le choix d'une prise en charge appropriée : Dans cette étude, la question n'est pas le test en lui-même mais plutôt le choix d'une prise en charge appropriée. Les auteurs appellent ainsi les urologues à prendre en compte ces risques de sur-traitement. En France, l'Association française d'urologie (AFU) recommande le dépistage par décision individuelle. La Haute Autorité de Santé (HAS) a précisé, dès avril 2012, les conditions, spécifiques, de pertinence d'un dépistage par PSA, après identification des facteurs de risque : Pour la HAS, seuls les hommes à haut risque devraient subir ce dépistage par PSA. Le test ne devrait donc plus être systématique et devrait faire systématiquement l'objet d'une information du médecin, puis d'une décision médecin-patient.
Source: Communiqué Inserm et Cancer Epidemiology 2013 Aug doi: 10.1016/j.canep.2013.03.014 Life expectancy estimates as a key factor in over-treatment: The case of prostate cancer
HAS Rapport d'orientation – Cancer de la prostate (
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