Cette nouvelle analyse de la Washington University School of Medicine (St. Louis), des données de l’essai PLCO (pour Prostate, Lung, Cancer, Colorectal and Ovarian) sur le dépistage des cancers vient d’être publiée en ligne le 6 janvier dans le Journal de l'Institut national (américain) du cancer. Elle apporte de nouvelles preuves sur l’inefficacité en termes de mortalité d’un dépistage de masse, que ce soit chez les hommes de la cinquantaine ou de la soixantaine.
Rappelons que c'est l'essai le plus long (10 à 13 années) mené sur plus de 76.000 hommes âgés de 55 à 74 ans assignés au hasard à effectuer soit des tests annuels de PSA et un toucher rectal soit des «soins de routine», à savoir des tests de dépistage uniquement sur recommandation du médecin. L'analyse conclut –à nouveau- à plus de diagnostics de tumeurs, mais pas à moins de décès liés à la maladie. « Les données confirment que pour la plupart des hommes, il n'est pas nécessaire d'effectuer ce dépistage, de manière annuelle, pour le cancer de la prostate», résume l'auteur principal, le Dr. Gerald Andriole, chef chirurgien en urologie. « La grande majorité des cancers est à croissance lente et peu susceptible d'être mortelle. » L'analyse actualise et confirme les résultats publiés en 2009 dans le New England Journal of Medicine. A l'époque le petit nombre de décès constatés impliquait une validation des données. «Maintenant, que les participants ont été suivis pendant 10 ans et plus de la moitié pendant 13 ans, nous constatons que seuls les hommes les plus jeunes – ceux qui ont la plus longue espérance de vie -seraient susceptibles de bénéficier du dépistage Cibler le dépistage sur des hommes jeunes ou à risque élevé : Nous devons donc modifier nos pratiques actuelles de dépistage et cesser de dépister les hommes âgés ou avec une espérance de vie limitée », explique le Dr. Andriole. «Nous devons adopter une approche plus ciblée et sélective sur des hommes jeunes et en bonne santé, à risque plus élevé de cancer de la prostate, comme les Afro-Américains ou les hommes ayant des antécédents familiaux de la maladie. » Le modèle préconisé par l'auteur serait un test de référence dans la quarantaine, car des études récentes ont indiqué que des niveaux élevés de PSA à cet âge peuvent prédire un risque de cancer de la prostate dans les années qui viennent. Les hommes de 40 ans avec des niveaux faibles de PSA ont très peu de risque de développer un cancer de la prostate, a fortiori mortel et doivent éviter des tests supplémentaires.
Les chercheurs ont détecté des tumeurs de la prostate chez 12% de participants en plus dans le groupe «Dépistage annuel » mais le nombre de décès par cancer de la prostate ne différait pas significativement entre les 2 groupes (158 décès par cancer de la prostate dans le groupe dépistage vs 145 décès dans le groupe soins de routine). Les tests de dépistage annuels n'ont pas réduit les décès par cancer de la prostate chez les hommes de 50 et 60 ans. Les hommes diagnostiqués avec un cancer de la prostate qui avaient aussi des antécédents de crises cardiaques, accidents vasculaires cérébraux, diabète, cancer ou maladies pulmonaires et hépatiques étaient beaucoup plus susceptibles de mourir d'autres causes que le cancer de la prostate.
L'étude vient juste quelques mois après la recommandation par la Preventive Services Task Force appelant à la fin des tests PSA de routine pour les hommes âgés de 50 ans et plus. L'essai PLCO se poursuit mais les prochaines analyses devraient confirmer cette direction.
Source: Journal of the National Cancer Institute, published online Jan. 6, 2012 doi:10.1093/jnci/djr500 Prostate cancer screening in the randomized prostate, lung, colorectal and ovarian cancer screening trial: mortality results after 13 years of follow-up.
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