Ces études cliniques menées aux Etats-Unis et en Chine et publiées dans l’édition du 27 janvier du Lancet, font état d’un nouveau test moléculaire qui pourrait contribuer à prédire, à un stade précoce, le pronostic du cancer du poumon et orienter le traitement pour les personnes atteintes de cancer du poumon. Des résultats qui vont permettre d’améliorer les chances de survie pour des centaines de milliers de patients chaque année.
Les auteurs rappellent que le cancer du poumon est la cause la plus fréquente de décès par cancer dans le monde avec environ, 1,4 million de décès chaque année. Aux Etats-Unis, environ 80% des patient atteints de cancer du poumon décèdent dans les 5 ans suivant le diagnostic. Le cancer du poumon passe souvent inaperçu à ses débuts et seuls 30% des patients sont détectés dans les premiers stades de la maladie, d'où une survie globale faible. Un cancer du poumon métastasé aux ganglions lymphatiques est généralement traité par chirurgie suivie de chimiothérapie.
Ces études cliniques font partie des plus larges jamais menées sur la génétique moléculaire du cancer du poumon et l'une des équipes, dirigée par des scientifiques de l'Université de Californie (San Francisco – UCSF) est parvenue au développement d'un test moléculaire qui peut prédire, à stade précoce, la probabilité de décès avec plus de précision que les méthodes conventionnelles. Ces deux essais cliniques indépendants expliquent comment ce test, qui mesure l'activité de 14 gènes dans les tissus cancéreux, améliore la précision du pronostic. Une étude a effectué l'analyse d'échantillons de tissus provenant de 433 personnes atteintes d'un cancer du poumon à un stade précoce aux Etats-Unis et l'autre étude de 1.006 personnes de Chine.
Comment fonctionne ce test moléculaire: Basé sur une technologie développée à l'origine à l'UCSF, le test a été développé par Pinpoint, une société basée à Mountain View, en Californie, et s'appuie sur la technique de réaction en chaîne par polymérase quantitative (PCR quantitative ou polymerase chain reaction). Il analyse l'ARN sur un prélèvement de tissu cancéreux du patient, révèle le niveau d'activité relative des gènes dans les tissus. Les niveaux d'activité de 14 gènes spécifiques sont alors comparés aux niveaux mesurés dans « le poumon normal ». 11 de ces gènes sont liés à la biologie du cancer du poumon et les 3 autres sont des gènes communs qui sont utilisés pour normaliser la mesure des gènes du cancer. Un algorithme de corrélation de ces 14 gènes, préalablement testé sur les prélèvements des 433 patients, permet ensuite de calculer le risque de décès.
Le test peut prédire avec précision la probabilité de décès dans les 5 années de la chirurgie. En effet, l'algorithme permet de différencier avec une grande précision, les niveaux de risque, élevé, intermédiaire ou faible de décès. Un résultat qui a le potentiel d'aider des centaines de milliers de personnes chaque année à survivre plus longtemps selon le Dr Michael Mann, professeur agrégé de l'UCSF en chirurgie cardiothoracique.
Aujourd'hui, les médecins évaluent les cancers du poumon au stade précoce en fonction de leur taille, emplacement et apparence. Cette information va permettre de guider l'utilisation d'un traitement supplémentaire après la chirurgie. Si les médecins étaient capables d'évaluer plus précisément le pronostic, plus de patients pourraient bénéficier d'un traitement complémentaire, en chimiothérapie, immédiatement après la chirurgie, avant tout risque de propagation du cancer résiduel.
Les scientifiques prévoient aujourd'hui un essai clinique à grande échelle pour confirmer que leur test sera associé à un meilleur taux de survie.
Source: The Lancet, Early Online Publication, 27 January 2012 doi:10.1016/S0140-6736(11)61941-7 A practical molecular assay to predict survival in resected non-squamous, non-small-cell lung cancer: development and international validation studies (Vidéo UCSF, Vignette China Clinical Trials Consortium (CCTC))