Éliminer le cancer du col de l’utérus, est tout à fait possible, écrivent ces chercheurs du Canadian Centre for Applied Research in Cancer Control et de différents instituts de recherche canadiens : intégrer l’auto-prélèvement dans le programme de dépistage du cancer du col de l’utérus, permettrait de mieux dépister, avec autant de précision et donc de considérablement réduire l’incidence de ce cancer. En d’autres termes, la recherche confirme, dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ, le dépistage basé sur le HPV comme un outil indispensable pour éliminer le cancer du col de l'utérus.
Plus de 90 % des cas de cancer du col de l’utérus dans le monde sont causés par 9 types de VPH à haut risque. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé des objectifs pour éliminer le cancer du col de l'utérus d'ici 2040, c’est-à-dire d’atteindre une incidence de moins de 4 pour 100.000 femmes.
Le test Pap est le principal outil de dépistage depuis des décennies, mais le dépistage du HPV tend à le remplacer. En France, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande que le test HPV remplace l’examen cytologique, en raison d’une meilleure précision dans la détection du précancer du col de l'utérus.
Cette équipe canadienne va plus loin et suggère de passer à un dépistage basé sur le HPV à partir d’auto-prélèvements donc réalisés par les patientes, plutôt que par le médecin ou le professionnel de santé.
L’auto-prélèvement, un atout pour l'accès et l'adoption de ce dépistage
L'un des auteurs principaux, le Dr Reka Pataky, du Centre canadien de recherche et de lutte contre le cancer précise que « l'auto-prélèvement pourrait permettre d’augmenter le dépistage notamment chez les femmes qui ne sont jamais ou sous-dépistées ».
L'étude, menée par modélisation, prédit que :
- en utilisant le test Pap actuel, sans changement dans les taux de vaccination contre le HPV ou les taux de participation au dépistage, l'objectif de 4 cas/100 000 ne pourra être atteint -ici au Canada- avant 2045 ;
- en utilisant le dépistage basé sur le test HPV, et sur l’auto-prélèvement, l'objectif pourrait être atteint d'ici 2034. Dans la seule province de Colombie britannique, cela permettrait d’éviter plus de 900 cas de cancer du col de l’utérus d’ici 2050.
Réduire aussi le recours aux coloscopies : cet examen est actuellement en forte hausse, et, autre avantage du nouveau mode de dépistage, il permettrait sans doute de réduire ce fardeau sur les systèmes de santé.
« Le cancer invasif du col de l’utérus affecte de manière disproportionnée les populations défavorisées et à moindre accès aux soins de santé. Ainsi, les personnes les plus à risque sont les moins susceptibles d’être dépistées. Tout doit être fait pour élargir l’accès au dépistage ».
L’auto-échantillonnage, dont les preuves montrent qu’il est aussi précis que les échantillons prélevés par des médecins, est un outil indispensable pour accroître l’accès au dépistage du cancer du col de l’utérus pour ces groupes plus défavorisés.
Source: Canadian Medical Association Journal (CMAJ) 3 June, 2024 DOI: 10.1503/cmaj.231682 Strategies to accelerate the elimination of cervical cancer in British Columbia, Canada: a modelling study