L’endométriose est une affection douloureuse qui touche près de 200 millions de femmes dans le monde. En moyenne cependant, il se passe 8 années avant son diagnostic. Une équipe de biologistes du Baylor College of Medicine (Houston) propose aujourd’hui, et ici dans la revue Med, un test de selles, donc non invasif, capable de détecter la maladie, ainsi qu’une nouvelle option de traitement.
Caractérisée par le développement de tissu endométrial (utérus) à l'extérieur de l'utérus, l'endométriose peut être extrêmement douloureuse, épuisante et interférer de manière considérable avec la qualité de vie et le fonctionnement au quotidien. Des études ont également démontré des conséquences de la maladie sur la fertilité. Ces découvertes prometteuses vont donc conduire au développement d'un test de selles non invasif et d'une nouvelle thérapie pour l'endométriose.
L’auteur principal, le Dr Rama Kommagani, professeur de pathologie et d'immunologie au Baylor rappelle les caractéristiques et les symptômes de cette maladie encore mal prise en charge :
« la muqueuse de l'utérus se développe en dehors de son emplacement normal et se trouve attachée à l'intestin environnant ou à la membrane tapissant la cavité abdominale. Cela entraîne des saignements, des douleurs, une inflammation et l’infertilité. Le diagnostic tardif, ainsi que l’utilisation de procédures diagnostiques invasives et de traitements inadaptés, soulignent le grand besoin de nouvelles options de prise en charge de l’endométriose ».
De précédentes recherches ont suggéré que le microbiome, les communautés de bactéries vivant dans le corps, ou leurs métabolites, les produits qu’elles produisent, peuvent contribuer à la progression de l’endométriose.
L’étude examine de plus près le rôle du microbiome dans l’endométriose en comparant les bactéries et les métabolites présents dans les selles des femmes atteintes de cette maladie avec ceux des femmes en bonne santé. Cette analyse identifie des différences significatives. Ainsi, certains métabolites présents exclusivement dans les selles des femmes atteintes d’endométriose pourraient constituer la base d’un test de diagnostic non invasif et d’une nouvelle stratégie contre la progression de la maladie. En particulier,
- une combinaison de métabolites bactériens dont le métabolite appelé 4-hydroxyindole. « Ce composé produit par de bonnes bactéries », est moins présent chez les femmes atteintes d’endométriose.
Ces signatures métaboliques bactériennes spécifiques associées à l’endométriose viennent d’être validées chez des animaux modèles et ouvrent désormais de nouvelles options pour gérer la maladie : par exemple, l’administration de 4-hydroxyindole à des modèles animaux de la maladie empêche l’initiation et la progression de l’inflammation et de la douleur associées à l’endométriose.
Enfin, ces résultats confirment le rôle majeur du microbiome dans l’endométriose et les maladies inflammatoires de l’intestin.
Les travaux se poursuivent vers un test non invasif des selles, ainsi que pour évaluer la sécurité et l’efficacité du 4-hydroxyindole.
Source : Med 11 Oct, 2024 DOI :10.1016/j.medj.2024.09.006 Identification of distinct stool metabolites in women with endometriosis for non-invasive diagnosis and potential for microbiota-based therapies
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