Un trio de facteurs majeurs, pour prédire, via un simple test sanguin, le risque de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral (AVC) et de décès cardiovasculaire, à 30 ans, ici chez les femmes, c’est la découverte et conclusion de cette étude menée par une équipe du Brigham and Women's Hospital (BWH, Boston). L’étude, publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM) et présentée lors du congrès de l’ESC 2024, révèle que cette mesure conjointe de ces 3 facteurs -du reste modifiables- apporte une prédiction optimale du risque d’événement cardiovasculaire majeur.
La combinaison inflammation, cholestérol, Lipoprotéine fournit des informations plus fiables sur le risque que tout autre marqueur utilisé seul ; comme les niveaux de cholestérol notamment.
L’étude analyse les données de plus de 27.000 participantes à l'étude Women’s Health Study, suivies durant un minimum de 30 ans ;
- la mesure initiale et unique de 3 marqueurs biologiques (hsCRP : protéines C-réactives haute sensibilité, un marqueur de l’inflammation), du (mauvais) cholestérol LDL et des lipoprotéines a (une protéine déjà reconnue comme marqueur de risque cardiovasculaire) dans leur sang prédit avec précision le risque d'événements cardiovasculaires majeurs au cours des décennies suivantes ;
- les femmes présentant les niveaux les plus élevés de hsCRP présentent un risque accru de 70 % d’événement cardiovasculaire majeur ;
- les femmes présentant les niveaux les plus élevés de LDL-C présentent un risque accru de 36 % ;
- les femmes présentant les niveaux les plus élevés de Lp(a) présentent un risque accru de 33 %.
- Bien que le hsCRP soit le plus puissant des 3 biomarqueurs, tous 3 pèsent dans la prédiction du risque :
- les femmes présentant des niveaux élevés des 3 marqueurs présentent ainsi un risque multiplié par 2,6 fois d’événement cardiovasculaire majeur ;
- enfin, cette association s’avère encore plus forte pour les AVC : les femmes présentant les niveaux les plus élevés des 3 facteurs sont 3,7 fois plus susceptibles de subir un AVC au cours des 30 prochaines années.
Ces résultats soutiennent le dépistage universel de l’inflammation et de la lipoprotéine (a) en plus du cholestérol, ainsi que l’utilisation précoce et agressive d’interventions ciblées, en particulier chez les femmes qui, globalement, restent sous-diagnostiquées et sous-traitées pour les maladies et événements cardiovasculaires.
« Les médecins ne peuvent pas traiter ce qu’ils ne mesurent pas », conclut l’auteur principal, le Dr Paul Ridker, directeur du Center for Cardiovascular Disease Prevention du BWH : « Pour offrir les meilleurs soins à nos patients, nous avons besoin d’un dépistage universel de l’inflammation, du cholestérol et de la lipoprotéine(a), et nous en avons besoin maintenant. Nous pourrons alors cibler nos traitements en fonction des besoins biologiques spécifiques de chaque patient, ce qui nous permettra de parvenir à des soins préventifs véritablement personnalisés ».
Enfin, ces données doivent, à nouveau, constituer un signal d’alarme pour les femmes aussi. D’autant que chacun des facteurs de risque est modifiable, par des changements de mode de vie et si nécessaire un traitement médicamenteux.
« Bien que nous devions toujours nous concentrer sur les facteurs essentiels du mode de vie comme l’alimentation, l’exercice et l’arrêt du tabac, l’avenir de la prévention devrait clairement inclure des thérapies combinées qui ciblent l’inflammation et le Lp(a) en plus du cholestérol ».
Source: New England Journal of Medicine (NEJM) 31 Aug, 2024 DOI: 10.1056/NEJMoa2405182 Inflammation, Cholesterol, Lipoprotein(a), and 30-Year Cardiovascular Outcomes in Women
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