La lipoprotéine A (Lp(a)), est une glycoprotéine analogue aux lipoprotéines de basse densité (LDL ou « mauvais cholestérol » et ses niveaux ont déjà été corrélés à un risque accru de maladie coronarienne récurrente. Cette étude longitudinale, publiée dans la revue Current Medical Research and Opinion et qui confirme l’augmentation considérable du risque avec des niveaux élevés de Lp(a), ici chez les personnes âgées de 60 ans ou plus, ouvre également de nouvelles pistes thérapeutiques pour réduire la Lp(a) et prévenir la récidive de la maladie.
Alors que les médicaments anti-cholestérol (hypolipémiants) actuels pourraient ne pas être efficaces à réduire le risque de maladie coronarienne associé à une Lp(a) élevée, ce marqueur se révèle comme une forme ultime et critique de mauvais cholestérol et appelle à de nouveaux traitements.
L’auteur principal, le Dr Leon Simons, de la School of Clinical Medicine de l'Université de New South Wales (Sydney), commente les conclusions de l’étude : « cette découverte ajoute aux preuves croissantes de la relation entre l'augmentation de la Lp(a) et le risque de récidive de coronaropathie. Il est bien établi que les patients déjà diagnostiqués avec coronaropathie encourent un risque très élevé de nouvel événement cardiovasulaire ».
De nouvelles thérapies en développement pour réduire la Lp(a) élevée
La coronaropathie est le type le plus courant de maladie cardiaque. La maladie se développe lorsque les artères qui alimentent le cœur en sang riche en oxygène se rétrécissent en raison de l’accumulation de matière grasse le long des parois. La maladie coronarienne est ainsi la cause la plus fréquente de crise cardiaque et de décès dans le monde.
Des taux élevés de cholestérol dans le sang augmentent le risque de maladie coronarienne. Le cholestérol se déplace dans le sang sur les lipoprotéines, qui sont constituées de protéines et de graisses. Les lipoprotéines comprennent les lipoprotéines de basse densité (LDL), les lipoprotéines de haute densité (HDL) et la Lp(a). Le cholestérol LDL est souvent appelé « mauvais cholestérol » car il s'accumule plus largement dans les parois des vaisseaux sanguins, ce qui augmente les risques de maladies cardiovasculaires. Les changements de style de vie et/ou les médicaments, comme les statines, peuvent permettre de ramener le taux de cholestérol dans la fourchette normale.
Mais qu’en est-il de la Lp(a) ? De précédentes recherches ont suggéré que des niveaux élevés de Lp(a) sont un facteur de risque tout aussi important de coronaropathie. La nouvelle étude regarde si une Lp(a) élevée est prédictive de récidive de maladie coronarienne ou d’événement cardiovasculaire associé.
L’étude est menée auprès de 607 participants âgés de 60 ans et plus, diagnostiqués avec coronaropathie et suivis pendant 16 ans dans le cadre de la cohorte Dubbo. 399 cas événements liés à la coronaropathie ont été recensés durant le suivi. L’analyse révèle que :
- la Lp(a) médiane chez les participants ayant subi un événement coronarien récurrent est évaluée à 130 mg/L vs 105 mg/L chez les autres participants ;
- 26 % des participants ayant subi un événement coronarien récurrent vs 19 % des participants « exempts » présentent des taux de Lp(a) > 300 mg/L ;
- 18 % des participants ayant subi un événement coronarien récurrent vs 8 % des participants « exempts », présentent des taux de Lp(a) > 500 mg/L ;
- chez les personnes âgées ayant des antécédents de maladie coronarienne, une Lp(a) élevée dans les 20 % supérieurs (> 355 mg/L) prédit un risque accru de 53 % d'événement coronarien récurrent, par rapport à aux personnes qui se situent dans la tranche des 20 % inférieurs de la population.
Ainsi, la Lp(a) est un marqueur critique de risque cardiovasculaire,
mais aussi un prédicteur important de la récidive de coronaropathie chez les personnes âgées.
Des niveaux de référence supérieurs de Lp(a) de 500 mg/L ou 300 mg/L doivent permettre d’identifier les patients à risque plus élevé qui pourraient bénéficier d'interventions plus intensives de réduction des risques.
Les médicaments actuels, tels que les statines, prescrits pour réduire le « mauvais cholestérol » n'ont pas d'impact majeur ou prouvé sur l'élévation de la Lp(a). En revanche, précisent les chercheurs, de nouvelles thérapies conçues pour abaisser les niveaux de Lp(a) sont actuellement à des stades avancés de développement clinique.
On l’aura compris, la lipoprotéine A Lp(a) est une métrique sensible du risque de récidive d’événement cardiovasculaire majeur et le développement de médicaments visant à la réduire est donc urgent.
Source: Current Medical Research and Opinion 13 June, 2023 DOI: 10.1080/03007995.2023.2214434 Lipoprotein(a) and the risk of recurrent coronary heart disease: the Dubbo Study
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