Cette équipe de biologistes et de chirurgiens de la British Heart Foundation montre que certains organes de donneurs plus âgés, invalidés pour la greffe en raison de cellules zombies ou sénescentes pourraient, dans certains cas, être utilisés et contribuer ainsi à augmenter le nombre de d’organes disponibles pour la greffe. L’équipe vient de proposer, à l’occasion de la Conférence de de la British Cardiovascular Society à Manchester, un test sanguin de « cellules zombies » qui pourrait faire la différence, ici pour les greffes cardiaques.
Car actuellement l’attente d’organes pour les patients candidats à la greffe est longue voire sans espoir et les cœurs de donneurs âgés de plus de 65 ans ne sont pas acceptés en raison du risque accru de mauvais résultat clinique. Cependant, nos cœurs vieillissent à des rythmes différents et l'âge n'est pas nécessairement le meilleur indicateur de la santé cardiaque. L’équipe de l'Université de Newcastle travaille à la mise au point d'un test qui pourrait aider les cliniciens à déterminer rapidement si le cœur d'un donneur peut toujours être transplanté. Ces nouvelles données laissent espérer que ce nouveau test contribuera à augmenter le nombre de cœurs et plus largement d’organes disponibles, et permettra à davantage de patients d'obtenir la greffe dont ils ont désespérément besoin.
L’étude qui a recherché les niveaux de marqueurs cellulaires « zombies » dans le sang des participants, révèle en effet que les personnes atteintes de maladies cardiaques ont plus de cellules sénescentes – ou « cellules zombies » – que celles qui sont en bonne santé. Ces cellules « zombies » ne sont pas mortes, mais ne fonctionnent pas comme elles le devraient : chez les patients cardiaques notamment, elles libèrent des molécules qui ont un impact sur les cellules voisines, les transformant également en cellules « zombies » et entrainant l'inflammation et la formation de tissu cicatriciel (fibrose) dans le muscle cardiaque.
Ces cellules zombies augmentent alors le risque de maladies cardiovasculaires
Une signature sanguine pour les organes éligibles : l'équipe a cherché à en savoir plus sur la « signature » laissées par ces cellules zombies dans le sang et sur la signification de cette signature en termes d’âge biologique vs âge chronologique, ici du cœur. Un test sanguin permettant de rechercher cette signature chez des donneurs plus âgés pourrait en effet identifier certains donneurs encore en âge biologique de donner leur cœur.
L’auteur principal, le Dr Gavin Richardson, professeur de médecine vasculaire et de biologie à l'Université de Newcastle explique ces travaux : « notre recherche révèle de nouveaux indices que les cellules « zombies » laissent pour suggérer leur présence dans le corps, et ces indices de leur présence peuvent nous permettre de mieux identifier les cœurs éligibles. Cela pourrait changer la donne pour les greffes d’organes, car actuellement la plupart des cœurs de donneurs plus âgés ne sont pas utilisés pour la greffe-alors qu'un certain nombre de ces organes pourraient être tout à fait viables pour la greffe ».
- L’étude in vitro de cellules cardiaques humaines permet d’observer que les cellules « zombies » sécrètent des niveaux plus élevés de protéine appelée GDF15 par rapport aux cellules saines ;
- l’analyse d’échantillons de sang de 774 personnes âgées de plus de 85 ans, révèle également des niveaux plus élevés de protéine GDF15 dans le sang des patients atteints de maladies cardiaques, ce qui suggère que leur cœur contient plus de cellules « zombies » ;
- l'augmentation des niveaux de GDF15 dans le sang des patients atteints de maladies cardiaques est similaire à l’augmentation d'une autre protéine déjà utilisée pour diagnostiquer l'insuffisance cardiaque – ce qui suggère que la « nouvelle » protéine pourrait permettre d'identifier les cellules sénescentes ;
- l’examen de l'ARN dans les cellules de 8 cœurs de donneurs et d’un autre marqueur dans ces cœurs lié aux cellules « zombies » – appelé p21 –révèle un lien étroit entre cette protéine, p21 et un autre marqueur de maladie cardiovasculaire ;
- prises ensemble, ces observations suggèrent que ces 2 molécules constituent -au moins une partie de- la signature cellulaire « zombie » qui pourrait être détectée par un test tissulaire ou sanguin ;
- l’analyse, toujours en cours, d’échantillons de sang et de tissus de la biobank Quality in Organ Donation et du NHS Blood and Transplant, leur permet
de rechercher une signature plus complète qui pourrait être prédictrice de résultats positifs de la greffe.
Ce test ouvre l’espoir de mieux pouvoir faire face à l’épidémie d'insuffisance cardiaque et au nombre restreint d’organes disponibles pour la greffe cardiaque.
« Avec l’ampleur du besoin et la nécessité d'un don et d'une transplantation d'organes rapides, il est crucial de développer de nouveaux tests permettant d'évaluer l'éligibilité des organes pour la greffe. Cette recherche pourrait nous aider à augmenter considérablement le nombre de cœurs adaptés à la greffe, à sauver plus de vies et à améliorer les résultats pour les patients ».
Source: British Heart Foundation 4 June, 2023 Testing for ‘zombie cells’ could boost number of hearts for transplant
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