Analyser la rétine, c’est une méthode non invasive et peu coûteuse pour suivre le vieillissement biologique humain, une méthode diagnostique développée et présentée par cette équipe de scientifiques du Buck Institute (Novato, California) en collaboration avec Google Research. Ainsi, l'imagerie du fond d'œil, le tissu riche en vaisseaux sanguins de la rétine, peut être utilisée pour suivre le vieillissement humain, de manière non invasive, moins coûteuse et plus précise qu'avec les autres horloges du vieillissement actuellement disponibles. Cette nouvelle méthode, présentée dans la revue eLife, est nommée « eyeAge ».
L’auteur principal, Pankaj Kapahi, professeur au Buck Institute a travaillé sur eyeAge, en collaboration avec Google Health et l'hôpital général Zuckerberg de San Francisco. Cette étude suggère que la technique d'imagerie du fond de l’œil, par scintigraphies rétiniennes, pourrait être capable de suivre l'efficacité des interventions visant à ralentir le processus de vieillissement : « Les résultats suggèrent que d’ici moins d’1 an, nous devrions être en mesure de déterminer la trajectoire du vieillissement d’un sujet, avec une précision de 71 % en analysant les changements visibles dans les yeux ».
Microvascularisation de la rétine et santé cardio et cérébrovasculaire
Un nombre croissant de preuves suggèrent que la microvascularisation de la rétine pourrait en effet constituer un indicateur fiable de la santé globale du système circulatoire du corps et du cerveau. Des changements dans l'œil accompagnent le vieillissement et de nombreuses maladies liées à l'âge, notamment la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), la rétinopathie diabétique et la maladie de Parkinson et d'Alzheimer. Les ophtalmologistes peuvent souvent détecter les premiers symptômes du SIDA, de l'hypertension artérielle chronique et des tumeurs aux yeux, étant donné que
tout changement subtil du système vasculaire apparaît d'abord dans les plus petits vaisseaux sanguins,
et les capillaires de la rétine sont parmi les plus petits du corps.
Un défi, pouvoir détecter ces changements subtils : en effet, les changements subtils dans ces petits vaisseaux sanguins sont difficiles à détecter, y compris par les instruments les plus sophistiqués, ce qui nécessite l'utilisation de l'apprentissage en profondeur. Ici, intervient Google Research. L’équipe de Google Research a développé des modèles permettant de prédire la rétinopathie diabétique à partir d'images rétiniennes puis utilisé des images rétiniennes pour caractériser pas moins de 39 maladies oculaires, dont le glaucome, la rétinopathie diabétique et la DMLA, ainsi que des maladies non oculaires telles que l'insuffisance rénale chronique et les maladies cardiovasculaires.
Le modèle eyeAge a ainsi pu être ajusté puis nourri à nouveau des données de 100.000 patients puis validé sur 64.000 participants de la Biobank britannique.
« Le modèle obtenu met l'accent sur les trajectoires de vieillissement et permet une prédiction plus précise que les techniques actuelles de prédiction de l’âge biologique ou encore que 2 visites d’évaluation consécutives chez le médecin ».
- Enfin, une étude pangénomique identifie 30 gènes à partir d'échantillons de patients, associés au déclin visuel, au diabète, à la perte auditive, à la maladie d'Alzheimer, aux maladies cardiovasculaires et aux accidents vasculaires cérébraux (AVC).
« Il serait instructif de comprendre comment ces gènes, qui sont déjà liés à d'autres maladies liées à l'âge, affectent les changements que nous observons dans les yeux. Enfin, ces données fournissent des cibles pour des traitements possibles des maladies liées à l'âge. Le fait de pouvoir ensuite suivre leur efficacité par imagerie de la rétine constitue un énorme avantage ».
Source: eLife 28 March, 2023 DOI: 10.7554/eLife.82364 Longitudinal fundus imaging and its genome-wide association analysis provide evidence for a human retinal aging clock