Une partie des tests sérologiques couramment utilisés ne détecte pas les « bons » anticorps. « Alors quels sont ceux qui peuvent confirmer la protection contre la réinfection au nouveau coronavirus SARS-CoV-2 ? », s'interroge cette équipe de biologistes de Université du Texas M. D. Anderson Cancer Center. L’équipe appelle à de nouveaux tests de sérologie d’anticorps anti-SRAS-CoV-2, basés sur les antigènes viraux que sont la protéine S (spike), son domaine de liaison RBD. Explications dans le Journal of Clinical Investigation (JCI) Insight.
Il existe 2 types différents de réponses par anticorps détectables dans le SRAS-CoV-2 (COVID-19), expliquent les chercheurs :
- les anticorps dirigés contre la protéine S (spike) SRAS-CoV-2 et son domaine de liaison RBD (S-RBD), qui sont supposés bien neutraliser l'infection virale,
- les anticorps dirigés contre la protéine de nucléocapside du SRAS-CoV-2 (protéine N) qui peuvent n’indiquer qu’une exposition au virus et non le développement d’une protection immunitaire contre la réinfection.
Les tests basés sur les antigènes viraux que sont la protéine S (spike), son domaine de liaison RBD semblent plus efficaces
Par analyse de 138 échantillons de sérum de 19 patients hospitalisés et diagnostiqués COVID-19 et de 464 échantillons de sérum de patients « sains », exempts d’infection et non COVID-19, l’équipe montre que :
- 3% des échantillons sains sont positifs pour l'anticorps de la protéine N, mais seulement 1,6% sont positif pour l'anticorps du domaine RBD de la protéine S (S-RBD) ;
- parmi les échantillons positifs pour l'anticorps S-RBD, 86% présentent une capacité de neutralisation c’est-à-dire une capacité à empêcher la réinfection du COVID-19,
- cependant seulement 74% des échantillons positifs pour l’anticorps de la protéine N présentent cette même capacité de neutralisation ;
- lorsque ces échantillons positifs pour les deux protéines, alors 96,5% présentent cette capacité de protection.
Anticorps dirigés contre la protéine N ne signifient pas protection immunitaire : la détection d’anticorps de liaison ou dirigés contre la protéine N ne correspond donc pas toujours à la présence d'anticorps neutralisants S-RBD, et la présence d’anticorps contre S-RBD est probablement le meilleur indicateur d’une protection contre la réinfection, conclut l’auteur principal, le Dr Raghu Kalluri, professeur en biologie du cancer.
Les chercheurs mettent donc en garde contre l'utilisation intensive de certains tests sérologiques basés sur la protéine N pour prédire l'immunité contre COVID-19. En revanche, les tests sérologiques basés sur les antigènes viraux que sont la protéine S (spike), son domaine de liaison RBD semblent plus efficaces à détecter les sujets porteurs d'anticorps neutralisants. Un point essentiel, alors qu’à l'heure actuelle, certains tests sérologiques disponibles dans le commerce ne confirment que la présence d'anticorps dirigés contre la protéine N.
Si ces tests indiquent une exposition au virus, ils ne garantissent pas tous une immunité à la réinfection.
Ces résultats illustrent les imprécisions possibles des tests d'anticorps actuels et impliquent la nécessité de poursuivre les efforts de distanciation et si besoin d’isolement même en situation de capacité de tester largement. Les auteurs ne remettent pas en cause l'évaluation sérologique en population générale, mais souhaitent permettre avec ces nouvelles données, d’améliorer l'efficacité des tests mais aussi des vaccins candidats ou en cours de développement.
Source: JCI Insight 14 August 2020 DOI : 10.1172/jci.insight.142386 Heterogeneous antibodies against SARS-CoV-2 spike receptor binding domain and nucleocapsid with implications on COVID-19 immunity
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