Un test salivaire pourrait prochainement permettre une détection plus précoce et plus simple du cancer de la bouche et de la gorge, des cancers souvent diagnostiqués tardivement, en partie en raison de leur localisation. La nouvelle technique diagnostique, non invasive, présentée dans le Journal of Molecular Diagnostics détecte le papillomavirus humain 16 (HPV 16), la souche associée au cancer de l'oropharynx, dans un échantillon de salive.
Le cancer de l'oropharynx a une incidence d’environ 115.000 cas par an dans le monde et est l'un des cancers dont la croissance est la plus rapide dans les pays occidentaux en raison de l'augmentation de l'incidence du HPV 16, en particulier chez les jeunes. Il existe donc un besoin important de méthodes de détection précoce, rappelle l’un des auteurs principaux, Tony Jun Huang, du Département de génie mécanique et des sciences des matériaux de la Duke University.
L'acoustofluidique permet de détecter les biomarqueurs de la salive spécifiques aux tumeurs
La méthode proposée consiste à détecter le HPV 16 à partir d'exosomes salivaires isolés par une plateforme acoustofluidique (visuel). Les exosomes sont de minuscules microvésicules provenant de cellules sécrétées dans les fluides corporels. On pense qu'ils jouent un rôle dans la communication intercellulaire et leur nombre est élevé en association avec plusieurs types de cancers. L'acoustofluidique est une technologie avancée qui combine l'acoustique et la microfluidique. Les échantillons de fluide sont analysés à l'aide d'une minuscule puce acoustofluidique développée pour isoler les exosomes salivaires en éliminant les particules indésirables en fonction de leur taille, laissant ainsi des échantillons concentrés riches en exosomes qui facilitent la détection des biomarqueurs spécifiques aux tumeurs. L'isolement automatisé des exosomes est extrêmement rapide, moins de 5 mn de temps de traitement vs 8 heures avec les techniques d’analyse actuelles. Le test est peu coûteux et comme il est non invasif, il est adapté à la surveillance répétée et continue de la progression et du traitement de la tumeur, contrairement à la biopsie traditionnelle.
La preuve de concept : les chercheurs ont analysé des échantillons de salive de 10 patients diagnostiqués avec un cancer oropharyngé. Ils montrent que la technique permet de détecter le cancer de l’oropharynx chez 80% des patients déjà diagnostiqués avec ce cancer. Les résultats apparaissent indépendants de la variabilité de l'échantillon liée à des changements de viscosité de la salive et la méthode de collecte utilisées. Enfin, la technique peut également aider les médecins à prédire quels patients vont répondre à la radiothérapie ou peuvent espérer une survie sans progression plus longue.
La technologie acoustofluidique permet ainsi non seulement de répondre à ce besoin non satisfait de détection des cancers oropharyngés, mais aussi de faire avancer la recherche biomédicale liée aux exosomes.
Source: Journal of Molecular Diagnostics Dec 2019 DOI : 10.1016/j.jmoldx.2019.08.004 (In Press) via Eurekalert (AAAS) 13-Dec-2019 Saliva test shows promise for earlier and easier detection of mouth and throat cancer (Visuel The Journal of Molecular Diagnostics)
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