Trouble explosif intermittent, crises de colère, rage et insultes au volant…Cette étude de l’Université de Chicago révèle, pour la première fois, des marqueurs d’inflammation dans le sang spécifiquement liés à des comportements agressifs. Ses conclusions, publiées dans l’édition du 18 décembre de la revue Jama Psychiatry suggèrent le recours aux anti-inflammatoires comme nouveau traitement possible. A confirmer.
Les personnes atteintes de trouble explosif intermittent, un trouble psychiatrique caractérisé par l'impulsivité, l'hostilité et des crises d'agressivité récurrentes et incontrôlables au point de perturber la vie de leur famille et de leur entourage, n'ont qu'à bien se tenir. Leur agressivité peut désormais être détectée par les niveaux élevés de 2 marqueurs de l'inflammation systémique dans le sang. Et leur trouble doit être traité. Car en plus des problèmes professionnels et sociaux, le trouble explosif intermittent peut prédisposer à d'autres maladies mentales, comme la dépression, l'anxiété et l'alcool ou la toxicomanie mais aussi, lorsqu'il n'est pas pris en charge, à la maladie coronarienne, l'hypertension, l'accident vasculaire cérébral, le diabète, l'arthrite, les ulcères, les maux de tête et la douleur chronique.
En 2006, l'auteur principal, le Dr Emil Coccaro, professeur de psychiatrie et de neurosciences comportementales à Chicago avec des collègues de la Harvard Medical School, avait découvert que la maladie affecte jusqu'à 5% des adultes et que, généralement, le premier épisode de « colère » se produit à l'adolescence, vers 13 ans pour les hommes et 19 ans pour les femmes. Cette nouvelle étude, menée auprès de 200 participants documente une relation directe entre ces marqueurs inflammatoires et l'agressivité chronique et impulsive, typique du diagnostic de trouble explosif intermittent. Les chercheurs se sont concentrés sur les niveaux de 2 marqueurs de l'inflammation dans le sang, la protéine C-réactive et l'interleukine-6 (IL- 6), dont chacun a été déjà associé à des comportements agressifs et impulsifs chez les humains comme chez les souris.
La protéine C-réactive est produite par le foie en réponse à une infection ou une blessure et permet au système immunitaire de se concentrer sur les cellules mortes ou endommagées. L'interleukine-6 est sécrétée par les globules blancs pour stimuler les réponses immunitaires et augmente également la production de protéine C-réactive.
Lorsque les chercheurs mesurent les niveaux des 2 marqueurs chez 197 participants en bonne santé physique dont 79 diagnostiqués avec le trouble, 61 avec d'autres troubles psychiatriques n'impliquant pas l'agressivité, et 67 sans aucun trouble psychiatrique, ils constatent que,
· leurs niveaux sont plus élevés chez les sujets atteints de trouble explosif intermittent que chez les autres participants.
· Les taux de protéine C-réactive sont 2 fois plus élevés en cas de trouble explosif intermittent vs chez les témoins sains,
· les 2 marqueurs sont très élevés chez les sujets à antécédents plus lourds de comportements agressifs.
· chaque marqueur est corrélé de façon indépendante avec l'agressivité.
Ces marqueurs sont tout à fait spécifiques car non détectés chez des personnes en bonne santé mentale ou même atteintes d'autres troubles psychiatriques.
2 marqueurs en corrélation constante avec l'agressivité et l'impulsivité, confirme l'auteur. Mais est-ce l'inflammation qui déclenche l'agression ou les sentiments agressifs qui entretiennent inflammation ? Quoiqu'il en soit, les deux sont biologiquement connectés. Alors que des études antérieures ont mis en évidence des liens entre une réponse inflammatoire et la dépression, le stress et l'anxiété, ces nouvelles données suggèrent que les médicaments qui réduisent l'inflammation peuvent également réduire l'agressivité. Les auteurs font référence à des médicaments anti-inflammatoires tels que Celebrex, ou même, à nouveau, à l'aspirine…
Source: JAMA December 18, 2013 doi:10.1001/jamapsychiatry.2013.3297 Elevated Plasma Inflammatory Markers in Individuals With Intermittent Explosive Disorder and Correlation With Aggression in Humans
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