Aujourd’hui le dépistage du cancer colorectal proposé dans le cadre de la campagne nationale de dépistage ciblé sur l’âge, est effectué par un test de recherche de sang occulte dans les selles, le test Hemoccult II®. Cependant, de « nouveaux tests », dits immunologiques, préconisés par la Haute Autorité de Santé dès 2008, ont été démontrés comme plus sensibles car capables de détecter 2 fois plus de lésions cancéreuses que le test Hémoccult. Les gastroentérologues se mobilisent aujourd’hui, par la voix de la Société nationale française de gastroentérologie (SNFGE), pour la mise à disposition de ces nouveaux tests. Un dépistage plus performant qui permettrait de sauver des milliers de vies supplémentaires.
Avec plus de 35.000 nouveaux cas chaque année en France et près de 17.000 décès liés, une incidence en hausse de 0,5 % par an chez les hommes et de 0,3 % chez les femmes, le dépistage si possible précoce du cancer colorectal (CCR) est un enjeu important.
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Dès 2008, la Haute Autorité de Santé avait abordé, avec l'arrivée des tests utilisant des méthodes immunologiques (iFOBT), la question du type de test de recherche de sang occulte (FOBT pour fecal occult blood test) devant être utilisé, évoquant que des études sur leur performance à détecter les cancers colorectaux et les adénomes suggéraient déjà que le remplacement du test au gaïac (gFOBT) par un test immunologique pourrait améliorer les résultats du programme de dépistage. Son rapport d'orientation concernant la place de ces iFOBT dans le programme de dépistage organisé du cancer colorectal détaille les avantages des tests immunologiques sur les tests au gaïac :
· Plus sensibles : Le principe du dépistage du CCR à l'aide de la recherche de sang occulte dans les selles (FOBT) repose sur le fait que les cancers et les adénomes sont à l'origine de saignements.
Les tests immunologiques « iFOBT » sont capables de détecter l'hémoglobine à des seuils plus faibles permettant ainsi un gain de sensibilité, parfois aux dépens de la spécificité. Autre avantage, leurs résultats ne sont pas altérés par la présence d'autres composés sans intérêt, d'origine alimentaire par exemple.
· Plus pratiques : La simplicité de réalisation de certains tests et la diminution du nombre de prélèvements nécessaires pour le patient suggèrent plus d'acceptabilité et donc de participation au dépistage.
· Plus lisibles : Certains de ces tests sont associés à un mode de lecture automatisée des prélèvements, d'où une garantie de qualité et d'organisation de la lecture.
· Personnalisables : Pour certains de ces tests, le réglage du seuil de positivité est possible permettant ainsi d'adapter le test à la situation du patient.
Améliorer l'efficacité du programme de dépistage : Concrètement, ces tests immunologiques pourraient permettre d'améliorer le nombre de lésions dépistées et donc globalement l'impact du programme de dépistage. Mais ils ne seraient pas anodins en termes de coûts : Une simulation sur une vague de dépistage sur un échantillon de 20.000 personnes entraînerait un surcoût, lié principalement au nombre de coloscopies à suivre, variant de 90.000 à… 1 million d'€ selon le seuil de détection retenu, et permettrait de détecter entre 6 et 27 cancers supplémentaires par rapport à Hemoccult II®.
Un nouveau test dès 2014 ? En 2008 déjà, la Haute Autorité de Santé apportait ainsi un avis favorable au principe du remplacement du test au gaïac par un test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles et annonçait que ce test serait progressivement mis en place à partir de 2013. Réagissant il y a quelque jours à l'initiative de la Société nationale française de gastroentérologie, l'Institut national du Cancer annonce le lancement prochain d'appels d'offres pour l'approvisionnement en tests et la mise à disposition des automates de lecture associés, la sélection prochaine des centres de lecture, pour un déploiement progressif du test immunologique de dépistage du cancer colorectal sur l'ensemble du territoire.