La sueur est sans doute le fluide le plus prometteur pour les tests non invasifs, conclut cette équipe de l'université de Cincinnati qui nous présente, dans la revue Nature Biotechnology, le premier dispositif de surveillance continue qui teste la sueur aussi efficacement que le sang, mais de manière non invasive et sur une durée de plusieurs heures. Ce capteur qui stimule la transpiration sous un patch minuscule, même lorsque le sujet porteur n’a « pas chaud » ou est au repos, fournit en effet les mêmes données qu’une analyse de sang.
Jason Heikenfeld, professeur à l'Université de Cincinnati et son équipe ont travaillé sur le potentiel de ces biofluides pour évaluer différents marqueurs de santé humaine via des capteurs minuscules et portables. Cette technologie portable est développée dans le laboratoire Novel Device du College of Engineering and Applied Science de l'UC. L'année dernière, le laboratoire a développé le premier dispositif de test continu au monde qui prélève la transpiration et l’analyse de manière aussi efficace que le sang.
De nombreuses innovations dans le domaine des biocapteurs analysant la sueur sont en cours de développement. Ainsi, un glucomètre pour le diabète, sur le même principe est déjà commercialisé dans la région de Cincinnati, relèvent les chercheurs. Ici, l’équipe vise à développer, en fin de course, des dispositifs implantés dans le corps pour un diagnostic ou une surveillance à long terme, mais il faudra d’abord créer des capteurs robustes capables de fournir des informations précises sur une période beaucoup plus longue. « C'est le grand défi de ces nouvelles technologies », explique Jason Heikenfeld : « Les capteurs réagissent chimiquement eux-mêmes. Ils ne durent donc pas ».
La sueur est la matière la plus prometteuse pour le diagnostic non invasif : après avoir travaillé sur la salive, les larmes et du liquide interstitiel (présent entre les capillaires sanguins et les cellules), l’équipe a conclu que la transpiration était la piste la plus prometteuse pour les tests non invasifs, car elle fournit des informations similaires à celles du sang et son taux de sécrétion peut être contrôlé et mesuré. L’équipe a créé de nouveaux capteurs intégrés dans un patch de la taille d’un pansement qui stimule la transpiration, même lorsque le patient est au repos. Le capteur mesure au fil du temps des analytes spécifiques que les médecins peuvent utiliser pour déterminer comment le patient « se porte » ou réagit à un traitement médicamenteux. Ces capteurs peuvent être personnalisés pour mesurer de multiples données, des molécules thérapeutiques aux hormones, en passant par la déshydratation.
C’est le premier capteur au monde à surveillance continue capable d'enregistrer dans la sueur les mêmes informations médicales que celles que les médecins recherchent dans le sang. Cette étape est remarquable car le capteur continu permet aux médecins de suivre l'évolution de toutes ces données et le patch minuscule stimule la transpiration durant 24 heures si besoin. Un précédent test de ce dispositif, présenté dans la revue Lab on a Chip a conclu que la sueur fournissait pratiquement les mêmes informations que le sang pour mesurer la présence d'un médicament dans le corps. Or, mesurer les concentrations de thérapeutiques dans le sang permet d’affiner la posologie.
De tels dispositifs vont bien évidemment permettre des traitements et des soins personnalisés. « Certains patients peuvent avoir une insuffisance hépatique ou rénale. D'autres peuvent métaboliser un médicament dix fois plus rapidement. Ainsi, la même dose pourrait être inefficace chez certains patients et toxique chez d'autres. La médecine personnalisée est en train de devenir une affaire de plus en plus importante. Si nous pouvons comprendre ce qui se passe dans le corps, nous pouvons adapter le traitement en conséquence ».
Source : Nature Biology 25 February 2019 Accessing analytes in biofluids for peripheral biochemical monitoring (Visuel Joseph Fuqua II/UC Creative Services)
Plus sur Diagnostic Blog