Ces médecins de la clinique Mayo ont découvert des marqueurs biologiques qui pourraient guider le traitement du cancer de la prostate : des altérations génétiques dans le cancer de la prostate à faible risque tel que diagnostiqué par biopsie à l'aiguille, pourraient ainsi permettre d’identifier les hommes porteurs d'un cancer à risque plus élevé. La recherche, publiée dans les Mayo Clinic Proceedings, révèle ainsi pour la première fois des indicateurs présents dans certains cas de cancers de la prostate à faible risque prédictifs de cancers à risques intermédiaire et élevé.
L’analyse par biopsie à l'aiguille pourrait laisser passer un cancer à risque élevé, augmentant le risque associé à la progression de la tumeur. L’idée est donc ici de disposer d’un niveau de test supplémentaire pour les patients diagnostiqués avec un cancer à faible risque -mais présentant ces altérations chromosomiques.
De nouveaux marqueurs moléculaires pour une décision mieux éclairée : L’auteur principal, le Dr George Vasmatzis, du Center for Individualized Medicine rappelle que le traitement excessif est un problème pour le groupe d'hommes ciblé par son étude. L’identification de ces altérations génétiques dans le cancer à faible risque pourra permettre d'opter, de manière mieux éclairée, soit pour une surveillance active soit pour un traitement. Car aujourd’hui, le cancer de la prostate est évalué selon le score de Gleason fortement associé au risque de progression de la maladie. Un cancer de la prostate à score de Gleason 3 est considéré à faible risque. Les cancers de Gleason 4 et 5 présentent un risque plus élevé de cancer agressif. Les patients avec tumeur à score de Gleason 3 peuvent opter pour une surveillance active. Ils sont étroitement surveillés par des tests sanguins et des biopsies à l'aiguille, si nécessaire. Ils peuvent également être orientés vers un traitement, tel qu'une chirurgie ou une radiothérapie. Certains patients avec tumeur à score de Gleason 3 vont parfois préférer l’intervention chirurgicale pour éviter tout risque de progression de la maladie. L'étude permet de trancher :
- ces patients, exempts de ces altérations ont un faible risque de développer une tumeur agressive : ces hommes peuvent alors se sentir plus libres d’opter pour la surveillance active ;
- dans le cas contraire, si la tumeur à faible risque présente ces altérations, le risque de cancer plus agressif est plus élevé. Selon les chercheurs, le patient devrait alors plutôt opter pour le traitement, dont la chirurgie.
Parce que la procédure de biopsie à l'aiguille ne prélève qu'une petite partie de la tumeur : en réalisant le séquençage de l'ADN via un outil génomique de haute technologie sur des biopsies de 126 patients opérés de la prostate, l’équipe a découvert que 5 gènes sont plus fréquemment altérés en cas de score de Gleason de 4 et 5. Ces altérations sont également plus fréquemment observées en cas de score 3 avec tumeur devenant plus agressive.
Ainsi le principe est de compléter la biopsie à l’aiguille qui ne prélève qu'une petite partie de la tumeur par la recherche de ces altérations, en particulier en cas de score de Gleason 3. Car en présence de ces altérations, il est plus probable que ce score évolue en score 4.
Source: Mayo Clinic Proceedings Jan, 2019 DOI : 10.1016/j.mayocp.2018.06.028 Large Chromosomal Rearrangements Yield Biomarkers to Distinguish Low-Risk From Intermediate- and High-Risk Prostate Cancer
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